Anna Maillard, Equipe de France.......
La parole à Anna Maillard
Agée de 24 ans, Anna Maillard enrichit chaque année son parcours sportif et dessine ce qui sera plus tard une carrière de sportive de haut-niveau. Intégrée aux équipes de France féminines depuis 2007, elle a déjà obtenu un titre de championne d'Europe Espoirs Féminins, deux titres de championne d'Europe Seniors Féminins et une médaille de bronze aux Championnats du Monde Féminins. Elle est d'ailleurs l'une des 4 joueuses qui défendent les couleurs de la France aux Championnats du Monde à Bangkok en Thaïlande, du 5 au 9 novembre. Malgré une activité sportive bien remplie, Anna Maillard a également été nommée tout récemment Conseillère Technique Fédérale au sein de la F.F.P.J.P. Aux côtés du DTN Jean-Yves Peronnet et de la CTN Séverine Maillet, elle est une nouvelle cadre technique. Avant de s'envoler pour la Thaïlande, Anna a donc répondu à nos questions.
Commençons par la question classique pour un sportif de haut-niveau : comment et à quel âge êtes-vous venue à la Pétanque ?
J'ai eu ma première licence à l'âge de 9 ans. Mon grand-père et mon père avaient également une licence, mais ils étaient des joueurs occasionnels. Assez logiquement je me suis donc essayée à la Pétanque, et cela m'a plu très rapidement. Mon père a ensuite eu l'idée de créer une école de Pétanque, ce qui m'a permis d'avoir des entraînements encadrés. Je pratiquais dans le même temps le basket-ball, la natation et je participais à quelques journées U.N.S.S. C'est le fait d'avoir obtenu des résultats rapidement qui m'a amenée à me passionner pour la Pétanque. A 14 ans j'ai été surclassée en Seniors et je suis devenue championne de Ligue Triplette, j'ai donc disputé mon premier Championnat de France. L'accès à ces compétitions nationales m'a donné la motivation pour m'entraîner encore plus et l'envie de progresser. J'ai goûté au plaisir non pas du haut-niveau mais du niveau national et j'ai immédiatement voulu obtenir d'autres qualifications. J'ai alors organisé mon emploi du temps afin de pouvoir à la fois mener mes études et m'entraîner le plus possible.
Vous évoquez l'entraînement, c'est une notion qui n'est pas systématique en Pétanque. Est-ce important pour vous et quelle place doit-il occuper ?
En ce qui me concerne, c'est quelque chose dont j'ai besoin. Je me suis toujours entraînée, dès mes débuts, et je suis consciente que ça m'apporte une régularité et une confiance en moi que je n'aurais pas sans entraînement. C'est donc très important pour moi. Pour la Pétanque en général et les joueurs de haut-niveau, on ne peut pas rendre l'entrainement obligatoire et systématique, puisque la Pétanque n'est pas un sport professionnel. Ca n'en reste pas moins indispensable selon moi. D'ailleurs, même si on ne peut pas parler d'entraînement structuré, tous les plus grands champions se sont exercés à un moment de leur carrière, très fréquemment, parfois plusieurs heures par jour. Actuellement, la DTN travaille afin de planifier des entraînements pour les équipes nationales, à commencer par les féminines, en préparation des échéances internationales.
A quel moment avez-vous intégré l'équipe de France et quelle a été votre première compétition internationale ?
C'était en 2007. Ma toute première expérience avec l'équipe de France fut l'International de Fenouillet. J'avais alors 15 ans. J'ai disputé ensuite d'autres Nationaux et Internationaux, avant d'être sélectionnée pour les Championnats d'Europe Espoirs Féminins en 2009. Ils se sont déroulés en Allemagne à Düsseldorf, et nous avons obtenu le titre de vice-championnes.
Dites-nous un mot du fait d'être une femme dans un milieu d'hommes. Est-ce que pour vous le public admire autant les championnes que les champions ?
Sincèrement j'ai vu les choses évoluer dans le bon sens depuis plusieurs années. En premier lieu la Fédération fait beaucoup pour la Pétanque Féminine. Elle a créé les mêmes compétitions pour les femmes que pour les hommes, et il me semble que nous sommes désormais arrivés au point de la parité en la matière, je pense notamment aux Championnats de France ou aux Championnats des Clubs. Par ailleurs, le nombre d'équipes féminines dans les grosses compétitions est de plus en plus important et le public lui aussi répond présent. En quelques années, le niveau féminin s'est sensiblement amélioré. J'estime que les joueuses sont capables de produire un jeu aussi plaisant que celui des hommes.
Néanmoins, il reste encore des progrès à faire au niveau de la médiatisation des compétitions féminines, notamment à la télévision, puisqu'à ce jour, seules deux d'entre elles ont été diffusées : la finale PPF et la Coupe du Monde. Il y a tout un aspect très positif de la Web TV qui se développe et qui aide la promotion de la Pétanque féminine.
Depuis 1994, la France n'a plus réussi à conquérir le titre de champion du monde chez les femmes. Vous disputez en Thaïlande votre 3ème Championnat du Monde, vous commencez à être expérimentée. Donc d'après vous, que manque-t-il aux Françaises ?
C'est une question de régularité principalement selon moi, ce qui est capital à haut-niveau. Les défaites successives peuvent amener à se remettre en question. Mais l'analyse des résultats et des performances à haut-niveau donne aussi des éléments de réponse. A chacun des 3 derniers Championnats du Monde, en 2009, en 2011 ou en 2013, nous avons perdu d'un rien, avec des sélections différentes. Nous avons atteint deux fois la finale, et cela s'est toujours joué à quelques boules. Alors bien sûr ces quelques boules sont décisives. C'est pour cela que je parlais de régularité, domaine dans lequel les Thaïlandaises nous sont supérieures pour l'instant. Il faut que l'on se donne les moyens de travailler ce point avec des entraînements réguliers et structurés que j'évoquais plus haut pour conserver notre niveau de jeu sur l'ensemble d'un Championnat du Monde. Je suis alors convaincue que nous pouvons l'emporter.
Y-a-t-il un joueur ou une joueuse qui vous inspire, sur qui vous prenez exemple ? Avez-vous une idole dans le monde de la Pétanque ?
Je ne peux parler d'idole, je ne suis pas fan d'un joueur en particulier. Si je devais citer un joueur, je dirais Philippe Suchaud. Son niveau au tir, année après année, sa régularité, sa personnalité et son sang-froid dans les moments de forte intensité sont pour moi exemplaires. On ne se rend pas toujours compte de la difficulté de durer à haut-niveau. La longévité de sa carrière avec une telle efficacité est remarquable. Abordons votre carrière professionnelle. Quelles études avez-vous suivies et qu'avez-vous fait jusque-là ? J'ai obtenu le Bac S à 18 ans. Par la suite, j'ai suivi 3 années d'études dans une Ecole de Psychomotricité à l'issue desquelles j'ai été diplômée. J'ai alors travaillé pendant quelques mois dans une maison de retraite spécialisée dans la maladie d'Alzheimer.
Sous la houlette de Jean-Yves Peronnet, l'encadrement en Pétanque se professionnalise lentement. Quel sera votre rôle dans le dispositif fédéral en tant que C.T.F ? Et quels sont les domaines dans lesquels vos études seront utiles ?
J'ai une priorité qui m'a été fixée par la Fédération : le développement de la pratique. C'est l'essentiel de mon travail et ce qui me prendra le plus de temps. La F.F.P.J.P. ayant pour cible principale les jeunes, le développement en milieu scolaire et périscolaire est essentiel. La récente signature de la Convention Nationale avec les Ministères de l'Education Nationale et des Sports nous ouvre des portes. J'aurai en ce qui me concerne la mission de faciliter des signatures de Conventions au niveau départemental, afin de concrétiser sur tout le territoire ce développement. Une de mes missions sera également le développement auprès des personnes âgées et dans le monde du handicap. C'est d'ailleurs en cela que mes études me seront utiles, notamment pour tout ce qui relève du relationnel avec ce genre de public. Enfin, j'intégrerai le Pôle Jeunes de la Direction Technique Nationale, aux côtés de François Grange et Patrick Druel. J'essayerai d'apporter mon aide dans les phases de sélection des Jeunes et dans l'entraînement des équipes de France.